(M) HARRY LLOYD ⊿ i’m not a psychopath, anderson. i am a high-functioning sociopath. do your research.

Matthew suivit le principal dans la salle de classe. Il croisa ses mains derrière son dos alors qu'il examinait la salle de son regard perçant et que le principal le présentait à la classe. Ses yeux s'arrêtèrent alors sur une jeune filles brune, au visage rond et aux yeux vifs. Elle surpris son regard et le soutenu, bien qu'il pu sentir son malaise. Il était quelque peu... Quel était ce sentiment ? Impressionné, pensait-il. Tous les autres dans la classe avaient détourné le regard ou s'étaient enfoncés sur leur siège lorsqu'il les avait regardé. Pas elle. Intéressant. Alors qu'il entendit le principal préciser au professeur présent qu'il était "spécial", il entendit quelques murmures de plaisanteries. Tournant immédiatement la tête vers la source des chuchotements, il les fit taire instantanément.

"Je m’appelle Niamh, enchantée." La sonnerie avait retenti quelques minutes avant, marquant la pause de la matinée. Elle s'était approchée de lui, après avoir hésité un instant. Elle lui tendit la main, mais Matthew ne regardait que ses yeux, en scrutant les moindres détails. "J’ai pourtant cru entendre Murphy t’appeler Aoife." Elle fronça le nez, ce qui fit esquisser Matthew un rapide sourire en coin, qui s'effaça cependant tout aussi rapidement. Aucune émotion. "Niamh est mon deuxième prénom. Je n’aime pas Aoife." Il pencha la tête légèrement sur la gauche, tout en maintenant son regard. Elle tentait tant bien que mal de le soutenir, tout en essayant de cacher ce qu'elle pensait. Bien sûr, Matthew ne pouvait pas lire dans ses pensées, mais il avait cette tendance à pénétrer les gens du regard et à leur faire sentir qu'il voyait au-delà d'eux-mêmes, tous leurs secrets. "C’est idiot. Je t’appellerais Aoife si tu t’appelles Aoife." Il avait dit cela d’un ton qui indiquait clairement qu'elle n’avait pas son mot à dire. Elle ne dit rien et continua à le regarder. Même la sonnerie marquant la reprise des cours ne rompit pas leur échange silencieux. Il tendit sa main pour serrer celle d'Aoife, qui était restée en suspens pendant tout ce temps. Le contact chaud de sa main dans la sienne le surprit et il sentit une pointe de chaleur le parcourir furtivement.

Pendant huit ans, ils avaient été inséparables. Sans que ni l'un ni l'autre ne sache pourquoi, ils appréciaient la compagnie l'un de l'autre. Aoife avait réussi à lui faire ressentir certaines émotions. Il savait qu'il se souciait d'elle, qu'ils étaient amis. Des concepts qui lui étaient totalement inconnus quelques années plus tôt. Il se demandait même s'il n'y avait pas autre chose, mais il ne savait pas mettre de nom dessus, lui qui ne connaissait qu'une palette extrêmement restreinte de sentiments. Elle, de son côté, avait compris il y a bien longtemps qu'elle était amoureuse de lui. Mais, attirée et passionnée par la psychologie, elle avait également rapidement diagnostiqué son meilleur ami. Réaliste sur le destin impossible de leur relation, elle n'en avait jamais rien mentionné à Matthew.

Encore aujourd'hui, il ne comprend pas pourquoi quand elle était partie pour Dublin sans lui, pour poursuivre ses études à Trinity College ù ils avaient tous les deux postulés, il avait craqué. Il avait été recalé non pas à cause de ses notes - ses notes étaient parfaites, il était plus intelligent que n'importe qui dans sa classe, mais à cause des évaluations des professeurs et de la psychologue du lycée sur son comportement. La veille du départ d'Aoife, il lui avait promis de la rejoindre vite, mais lorsqu'il avait franchi le pas de la porte de sa chambre pour en sortir, il réalisa qu'il n'y reviendrait jamais et que cette période de sa vie était terminée. Il savait que ses parents ne le laisseraient pas retourner vivre en ville, vivre seul, sans supervision. Il avait échafaudé son plan en pensant partir immédiatement pour Dublin et prétendre n'avoir jamais été là au moment de l'incendie. Mais alors qu'il se retourna pour regarder la bâtisse familiale partir en fumée, il s'arrêta pour apprécier la beauté de la scène et savourer les cris de douleurs et les appels à l'aide de ses habitants. Un sourire illumina son visage, et il resta planté là, immobile, jusqu'à l'arrivée des pompiers et de la police.

Après son arrivée à Ostrov, il a continué à penser à Aoife, à se rappeler de leur temps ensemble. Mais après huit ans sans aucun contact, il n'est même plus sûr que la jeune fille ait jamais vraiment existé, et la personne qu'il était alors non plus.

Piper a rapidement jeté son dévolu sur Matthew. Elle l’avait vite remarqué, quelques jours après qu’elle ait mis les pieds sur l’île. Il était plus âgé, beau et semblait complètement indifférent aux avances de la jeune fille, ce qui ne le rendait que plus attirant à ses yeux. Au bout de quelques temps, il a fini par céder – besoin naturel oblige. Depuis, il tolère Piper et ils remettent ça régulièrement. Bien sûr, Matthew n’a aucun sentiment pour la jeune femme – il n’a aucun sentiment pour personne, surtout ici. Cela ne va pas plus loin pour Piper non plus, mais elle est malgré tout très jalouse et possessive.